Irida, danseuse orientale


 

 

 

 


Portez les costumes comme vous l’entendez

Par Despina

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Quel costume porter, c’est une question très subjective et par conséquence elle est un sujet de débats. Débats sur la tradition et la modernisation. Est-ce qu’il faut suivre la mode avec une dévotion religieuse ou porter ce qui nous convient sans écouter les gurus. Est-ce qu’il faut porter des costumes qui couvrent le corps ou qui le révèlent ? Combien de costumes est-ce qu’elle doit avoir une danseuse ?

Maintenir la tradition dans ce monde qui change sans cesse et qui a été retourné contre la tradition depuis la première vague de la féminisation de 1920, c’est une affaire qui dépend beaucoup de la nature d’une tradition.

C’est une tendance générale qui est aussi valable pour la danse orientale. Chaque deuxième tradition y passe, celles qui ont été maintenues pendant si longtemps sont mortes. Il y en a qui meurent avec les vielles générations, il y en a qui sont tuées par les générations nouvelles.

La raison de garder le costume traditionnel de la danse orientale est résumée par le fait que c’est un grand moyen éducatif. En utilisant un costume traditionnel (tout aussi que la musique et la façon de danser traditionnelles) on peut présenter la danse orientale comme un art.

 
 

 

De l’autre coté on ne peut pas nier qu’on vit dans un monde qui change constamment chaque jour. C’est un argument frappant qui soulève un autre, que les traditions doivent changer tout autant que le monde. Je suis d’accord quand il s’agit des traditions qui sont nuisibles, restrictives, destructives, elles doivent mourir d’une mort rapide et ultime. Il n’y rien de plus fou que de suivre aveuglement une tradition.

Comme nous le savons tous, la danse orientale change comme n’importe quel autre phénomène dans le monde. Cette danse est parfois littéralement métamorphosée et recomposée. Ça lui permet de garder son attirance (imaginez-vous qu’elle reste exactement comme il y a 10 000 d’années !). Mais comme avec tout qui subie une transformation, nous avons un choix de prendre ce dont nous avons besoin et de laisser ce qui ne nous sert plus à rien.

Quelle est la solution ? Et bien, puisque je suis concernée, la seule solution peut être au milieu. En disant autrement, suivre les bases de la tradition mais avec une façon moderne de faire !

Cette façon moderne ne veut pas dire qu’il faut danser sur une musique de « Hot Chocolate » habillée en short et une t-shirt. Ça ne veut pas dire non plus qu’il faille danser sur une musique traditionnelle arabe habillée en soutien-gorge et en mini-jupe décorés de pièces et de franges, ni qu’il faille danser la danse moderne turque en justaucorps PVC de « cat woman ».

Et ce n’est pas qu’il ne doit pas y avoir de shorts, t-shorts, mini jupes, de soutien-gorges ou de justaucorps de cat Woman en PVC. C’est que ce n’est pas de la danse orientale. Tout ça peut avoir sa place dans la société, mais non pas dans la danse orientale.

La danse orientale, comme tout le reste a été contaminée par cet horrible phénomène – la mode. La mode, ça peut être amusant, mais elle a un effet pervers : elle peut détruire insidieusement le respect de soi-même (surtout celui d’une femme). Ça ce passe par une multitude d’astuces que je ne vais pas détailler ici. Il n’y a rien de mal dans le fait de suivre la mode relative à quoi que ce soit, à la danse orientale, par exemple, si ce qui est à la mode vous plait.

Néanmoins, porter quelque chose seulement parce que quelqu’un a dit que c’est à la mode, ce n’est rien d’autre que la mentalité d’une esclave dont il faut vite se débarrasser.

Je veux dire que si porter rien d’autre qu’un collier de chien et un tutu rose est la mode, est-ce que vous le ferez ? Probablement, non. Pourquoi ? Dans ce cas vous direz probablement que c’est un costume ridicule.

Mais si on dit que porter des habilles normales c’est de porter un jeans stretch et étroit ? Ça a l’air très bien, ce jeans, mais si il ne vous va pas ? Vous le porterez toujours ? Et si ce qui vous va bien c’est un jeans « taille basse » ou « clochés » ? Est-ce que vous allez toujours acheter le jeans étroit et le porter même si vous n’êtes pas bien dedans, seulement parce que quelqu’un a dit « C’est la mode » et le jeter dans trois mois parce que…. Devinez quoi ? Ce n’est plus à la mode ?

C’est un sujet pour des réflexions. Avez-vous déjà remarqué que les couleurs dans les magasins varient d’une façon frappante chaque saison ? Si pour la saison actuelle c’est les couleurs pastelles, pour la saison prochaine ce sera des couleurs très vives, ensuite – foncées et ensuite neutres. Réalisez-vous que ce n’est pas un hasard ? La raison c’est l’argent. Si vous devez portez ce qui est à la mode (et on nous dit constamment ce que on doit faire) et si c’est radicalement différent de la saison précédente, vous serez obligée de l’acheter. Le résultat : vous dépensez une somme considérable. L mode ce n’est pas que de la créativité qui coule dans les veines de couturiers. Il y a une autre raison derrière toute cette folie qui ressemble beaucoup à ça : $$$.

La même chose se passe dans la danse orientale. Il y a des designers qui prétendent que c’est leur prérogative de vous dire ce qui est à la mode dans la danse orientale. Pour une saison vous avez le chiffon qui est à la mode, pour la prochaine saison ce sera le lycra, puis le satin ; puis la dentelle. Et vous, vous devez être à la mode, une malheureuse esclave de la mode qui n’a jamais rien à mettre malgré tout leur temps, travail et effort.

Soyez le maître de vous-même ! Gardez votre propre style !

Si vous aimez ce que le mode vous propose, mettez-le. Il n’y rien de mal, mais écoutez ce qui vous disent vos sensations. Il y en a des filles qui aimeraient porter ce qui leur plait, mais elles ont peur de ce que les autres danseuses du monde entier diront et d’avoir une réputation d’être « démodée».

Mais il doit venir le temps quand nous allons décider toutes seules qui nous voulons être, s’exprimer comme on veut et ne pas passer toute la vie en s’inquiétant sur ce que les autres vont dire. Autrement dit, nous devons devenir nous-mêmes.

En ce moment, personnellement, je n’approuve pas du tout les costumes trop ouverts. Pratiquement tout le corps est dénudé, encore quelques centimètres, et ça va être complètement indécent. Par exemple, un top vraiment accentuant les « nichons », ou les fentes partout, qui laissent voir parfois même le derrière. Les jupes qui, lorsqu’on tourne, ouvrent les jambes et - espérons – le slip mais non pas ce qui au-dessous aux regards de tout le monde.

Ce n’est pas une tentative de moraliser contre les costumes ouverts, mais il y a quelques moments à prendre en compte :

Premièrement, le corps féminin est constamment en vue de tout le monde. C’est important de ne pas rajouter notre nudité dans les costumes de danse trop ouverts dans cette tradition de l’érotisme, importun comme une mouche.

Deuxièmement, la danse orientale est souvent considérée comme un « strip-show » sans enlèvement de vêtements. C’est à dire, c’est une femme qui s’exhibe dans un costume dénudant pour que les hommes puissent « prendre leur plaisir ». Alors, pourquoi mettre de l’huile sur la flamme en choisissant les costumes trop « sexy » quand ils sont à l’origine assez ouverts et en s’approchant encore plus près de ce stéréotype de « striptease show » qui est malheureusement assez répandu ?

Troisièmement, quand une danseuse est presque nue, toute l’attention est attirée à son corps et non pas à sa danse. Il a fallu beaucoup de temps et d’effort pour « élever » notre art pour qu’on commence à considérer la danse orientale comme un art respectable, pourquoi faire dégrader les choses en faisant tous ses jeux sur le costume et en mettant rien sur la danse ?

Alors, combien de costumes doit posséder une danseuse ? Dix ? Cinquante ? Cent cinquante ? J’ai eu de la chance d’interviewer une des meilleures danseuses de Sydney qui a arrêté sa carrière.

Elle a dit que pendant vingt-cinq ans de sa carrière elle a rassemblé quarante costumes. J’ai pensé qu’elle serait curieuse d’apprendre que je connais une danseuse qui danse depuis trois ans et qui a le même nombre de costume, et il y a encore une autre qui danse depuis six ans, pendant lesquels elle a rassemblé au moins une quarantaine de costumes sans compter ceux qui ont été revendus, qui se sont abîmés ou été conçus par elle-même.

Quand j’ai raconté ces deux histoires (que je connais directement de ces deux personnes en question, soyez-en sures), j’ai été surprise par sa réaction : elle a été choquée. Elle a dit : « Certaines danseuses se cachent derrière ses costumes. Les danseuses doivent comprendre qu’avoir des dizaines et dizaines de tenues ne veut rien dire si elles ne savent pas danser. »

Je tiens à remarquer qu’elle ne faisait aucune allusion personnelle, parce qu’elle ne connaissait pas ces danseuses et elle ne les a jamais vu danser. Mais elle a dit une phrase que s’avère souvent une règle très juste.

La théorie de mille et une tenues de danse s’explique simplement : si les costumes scintillent à éblouir, s’ils sont entassé dans tous les armoires de la maison, personne ne verra peut-être qu’il n’y pas beaucoup de danse dans tout ça.

Bien sur, il y a des danseuses qui sont vraiment douées et qui possèdent beaucoup de costumes. Le fait d’en avoir beaucoup ne veut pas dire que la personne ne sait pas danser. Mais il y en a pas mal de celles qui payent un prix astronomique justement pour cette raison : elles ne peuvent montrer rien d’autre à part le costume.

Franchement, à mon avis nous n’avons qu’un seul corps, et nous ne pouvons porter qu’un seul costume à la fois. Je dis qu’il vaut mieux d’avoir peu de tenues, mais qui sont bien faites, dans lesquelles vous vous sentez à l’aise comme physiquement, tant moralement. Plutôt que d’en avoir des tonnes qui ne conviennent pas à votre constitution, ni à votre personnalité, qui sont usés et horriblement inconfortables.

C’est sur que deux ou trois tenues ne suffisent pas pour une danseuse professionnelle. Le nombre de tenues dépend du fait si vous êtes une danseuse professionnelle ou non, si vous dansez souvent, si c’est un moyen de gagner votre vie ou juste une passion qui ne rapporte pas d’argent. Si c’est un hobby, le nombre entre zéro et un sera suffisant.

Mais que vous soyez une danseuse professionnelle ou juste une passionnée, il n’y pas de raison de dépenser tout votre argent pour être propriétaire de mille et un costumes.

Je ne suis pas hypothétique quand je parle de tout ça, j’ai des vrais exemples, des gens qui je connais. Parmi eux il y en a qui travaillent à plein temps et qui dansent souvent, mais elles n’ont rien, rien du tout pour se montrer. Il y en a aussi celles qui ont une douzaine de tenues de danse, mais elles n’ont jamais dansé sur scène et n’ont pas d’intention de le faire.

La vie ce n’est pas que de l’argent, mais il y a toujours des choses à dire sur ce sujet pour être plus « cool » avec.

Qu’est-ce que je m’efforce à dire en disant tout ce-là ? En résumant :

PORTEZ LES COSTUMES COMME VOUS L’ENTENDEZ !

Autrement dit, ne suivez pas aveuglement la mode ou la tradition, ne vous couvrez pas et ne vous dénudez pas juste parce que « elles » font ça (c’est qu’elles ont trop peur pour ne pas le faire).

Réfléchissez vous-mêmes.

 

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Cet article est traduit et publié avec l'accord de Despina. Il est protégé par les droits d'auteur.
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